Who's that ?
Kingsley est un camerounais parti de Limbé vers le grand mirage européen. C'est bizarre, je parlais il n'y a pas si longtemps de cela, de l'immigration "clandestine", me basant seulement sur les quelques infos qui nous sont fournies, toutes avec un côté anonyme, rejetant les individus au rang de coupables. Et voilà que je (re) tombe sur un livre que j'avais déjà aperçu il y a quelques mois sur des étalages d'une très bonne librairie (bien sûr), "Kingsley", l'histoire d'un camerounais parti de Limbé, qui traversa le Nigéria, le Niger, l'Algérie, le Maroc et atteignit finalement l'Espagne, l'Europe ! Mais pour en arriver là, un enfer il a du traverser, des montagnes d'inhumanité, de félonies, au travers des terrains d'une hostilité sans nom.
Plusieurs impressions subsistent, celles de son journal quotidien où il écrit " Tout ça pour vivre en Europe. si j'avais su avant mon départ toutes les épreucves que je devrais affronter, je ne serais peut etre jamais parti. Jamais je ne recommanderais à l'un de mes frères de suivre mon exemple", et où aussi, il écrit, plus tard, "je ne regrette rien, mon choix était le bon. Je continue à le croire même si parfois je me sens seul. Je suis vivant et je suis en règle avec la loi depuis que j'ai mes papiers. (..) J'ai regagné mes droits d'homme. Je ne suis plus un animal. Maintenant je souhaite devenir quelqu'un de bien, un être humain comme les autres avec une vie normale. Ainsi j'aurais accompli le rêve de ma mère."
Comment ce témoignage a t il pu parvenir sous la forme d'un livre ? Il a pris des notes tout au long de son périple, sans les perdre ... Premier miracle. Et il s'est fait "suivre" par un photographe, Olivier Jobard, qui a ramené des images d'une force extraordinaire. Deuxième miracle. Les deux sont arrivés vivant au terme de leur périple, les photos prises au cours de ces 5 mois sont hallucinantes. Alors si vous avez 25 euros, allez-y, "Kingsley", Editions Marval, sorti en mai 2006. Trouvé à la FNAC Nantes. Mais sûrement qu'on le trouve ailleurs. Ce livre permet de remettre à leur juste place le calvaire de ces hommes et de ces femmes que l'on traite comme des bêtes à nos frontières et tout au long du chemin qu'ils parcourent pour tenter d'en apercevoir les lumières.